La tête de ses principaux ministres mise à prix, l'expression est à attribuer aux parlementaires qui veulent "couper des têtes" à la nouvelle équipe gouvernementale, le président Michel Martelly va faire face dès son retour à sa première vraie crise politique.
L'arrestation du député Arnel Bélizaire, sans doute voulue par le président, il avait lui même annoncé que des repris de justice et autres évadés de prison réfugiés au Parlement seraient poursuivis, est venue embraser un climat politique déjà fragile.
Mais, la précipitation du commissaire du gouvernement à exécuter les voeux du chef de l'Etat, a été d'une maladresse notoire, un peu trop arbitraire, car l'interpellation du député a été faite en dehors des règles légales prévues et sans doute connues du Parquet.
Mais à trop vouloir entrer dans les bonnes grâces du président, le commissaire l'a mis aujourd'hui dans une situation bien gênante. Peut-être sera-t-il la seule victime de cette affaire.
Voilà donc quelqu'un dont le passé est clairement douteux et dont les démêlées avec la justice sont plus qu'une évidence, porté en héros et en tombeur de la "dictature naissante".
Les Parlementaires ont fait jeudi et vendredi, une belle démonstration de solidarité en défendant leur collègue et peut-être même sont-ils allés un peu trop loin en exigeant le départ de ministres du gouvernement, mais l'arrogance du pouvoir exécutif et ses méthodes peu amènes ont offert une belle occasion au parlement de se poser en défenseur de la démocratie.
Que va-t-il se passer ? Le président revient dans 6 jours. Comment réagira-t-il à toute cette cabale ? Tentera-t-il de calmer le jeu ou au contraire sortira-t-il un de ces flèches empoisonnés?
Le parlement, la chambre des députés est en vacances et ne reprendra que l'année prochaine. Le temps d'oublier et de passer les éponges sur cet incident.
Le temps, peut-être que le temps finira par apaiser les esprits surchauffés et que les protagonistes épargneront à la République une crise qui pourrait coûter cher, très cher !
Ici est le vrai rôle du ministre chargé des relations entre le Parlement et l'Exécutif. Tout juste installé, le ministre Théano a une sacrée mission, celle d'inventer des relations qui n'ont jamais existé entre ces deux branches du pouvoir. Pour la bonne santé de la démocratie.