BIC dit; la jeunesse haïtienne est une voix pour la cause
« Kenbe tèt ou, kraze bèt ou, kwè nan tèt ou », tel est le message lancé à l'occasion de la Journée mondiale de la Jeunesse par le rappeur haïtien B.I.C, lucide et direct comme dans le créole poétique de ses compositions. A son avis, il y a aujourd'hui urgence de débattre de la problématique des jeunes en Haïti. « La jeunesse est-elle vide, sans valeur ? Est-elle vidée de son contenu ? Ou bien est-elle considérée à tort comme vide ?», s'est-il questionné dans un entretien accordé à Panel Majik le vendredi 12 août 2011.
Le chanteur explique la dérive sociale actuelle par le confit intergénérationnel et le fossé qu'il constate entre la jeunesse et les personnes âgées de la population. « En quête de modèles, les jeunes ne sont pas orientés par les adultes», a reconnu Roosvelt Saillant, - plus connu sous le nom de BIC, chanteur du tube « Yon Ti kalkil », tout en invitant ces derniers à se ressaisir et à assumer leurs responsabilités. « Le pays est pavé de modèles de toute sorte, mais, dommage, les meilleurs modèles pour son progrès ne sont pas toujours mis en valeur », a-t-il déploré.
En tout cas, BIC, lui-même, représente aujourd'hui un modèle vivant pour les jeunes paroliers, poètes et rappeurs, dans le maniement de la langue de Maurice Sixto et d'Oswald Durand. Si son feu verbal à chaque rime fait honneur à notre créole national, amuse notre imagination et éveille notre conscience de peuple, ce n'est pas sans raison. A en croire ses propos, son secret est simple : il se met à l'écoute de tous les secteurs de la société et s'engage, en tant qu'artiste, à chanter en leur nom.
C'est justement le pari réussi de son dernier disque titré « Kreyòl chante, Kreyòl konprann » sorti en 2010. Influencée par diverses tendances musicales modernes et étrangères, son inspiration demeure, tout de même, selon lui, profondément enracinée dans la réalité poignante haïtienne. En témoigne bien le titre des douze morceaux de l'album, dont : Yon ti kalkil, Anndanm, Papa Bondye, Vini komè,Tou touni. Mais plus qu'une question de titres et de langue, ce sont les paroles et les mélodies de ses chansons qui nous plongent au fond de nous-mêmes, à la recherche de notre identité haïtienne.
Pourtant, les talents confirmés de B.I.C., doublés de son courage de professionnel ne suffisent pas, paraît-il, pour lui tailler une place au soleil dans son pays. « Je réside en Haïti; pourtant, pour gagner ma vie, c'est à l'étranger que je parviens à trouver des opportunités », a avoué B.I.C, pour qui le pays demeure encore au point zéro, les citoyens maltraités et la jeunesse marginalisée et perdue dans des calculs, semble-t-il, infinis.
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