Les 7 février....
7 février 1986 ... 7 février 1988... 7 février 1990 ...7 février 1996 ... 7 février 2001 ... Du pareil au même ? Pas vraiment ! Le 7 février 1986, riche en promesses exaltantes et en catastrophes, vient d'être évacué avec stupéfaction par le retour en Haïti le 16 janvier 2011 de Jean-Claude Duvalier, affaibli par vingt-cinq années d'exil. Ironie du sort, son remplaçant malchanceux, le général Henry Namphy, vit en exil à Santo Domingo, depuis vingt-deux ans... On attend désormais le retour de plus en plus probable de Titid, notre cher Titid, n'est-ce pas ?
Aujourd'hui, décriés, désavoués, diabolisés, ces deux chefs d'Etat déchus, hier louangés, tout-puissants, dispensateurs de faveurs et de privilèges, symbolisent à eux tout seuls deux Haïti, quoi qu'on dise, deux époques, deux tragédies, deux échecs. Abris de fortune. Accusé de tous les crimes, le premier, prince très populaire avant son mariage le 27 mai 1980, a hérité de son implacable père d'un pouvoir fort, exclusiviste, sans contre-pouvoirs. Dans une atmosphère effervescente, resplendissante d'enthousiasme messianique, le deuxième, impulsif et conflictuel, était le produit d'un mouvement populaire mobilisateur qui allait déboucher sur un échec cuisant.
La liberté de la presse et le multipartisme demeurent au fond les seules grandes conquêtes de ce quart de siècle. Quant à la Constitution de 1987, désavouée par certains et défendue par d'autres, qualifiée de « prostituée » par son père, le Dr Louis Roy, et de « fleur empoisonnée » par Hubert de Ronceray à cause des très nombreuses violations dont elle est l'objet, elle est à bout de forces. Il faut dire que le bilan de la classe politique, abasourdie par sa propre stérilité, ses atermoiements orageux et son goût de la casse, invite au délire. Traces de rêves. Il y a ici une part onirique, mais elle tient souvent plus du cauchemar que du rêve.
Du 7 février 1986 à nos jours, la situation générale du pays, sur les plans politique, économique, social et autres, ne s'est pas transformée dans l'intérêt de la grande majorité dont la précarité socio-économique constitue aujourd'hui un obstacle à toute forme de stabilité institutionnelle. Ces sept péchés capitaux peuvent tout résumer : mort, corruption, dégradation, instabilité, insécurité, désenchantement et occupation. Eructations telluriques. Cette longue transition, véritable séisme, a tout enfanté, surtout le pire.
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