Le Debat sur la double Nationalite
Pour beaucoup de nos compatriotes, le prochain président élu d’Haïti ne peut plus se permettre de laisser partir sans aucun espoir de revenir les meilleurs cerveaux du pays. Ils sont des universitaires, techniciens, médecins, journalistes, hauts fonctionnaires qui se sont retrouvés bannis d’Haïti à cause d’une nationalité qu’ils étaient obligés de prendre, afin de pouvoir évoluer dans leurs pays d’accueil.
À l'heure actuelle, un Haïtien ayant adopté une nationalité étrangère, s'il veut recouvrer sa nationalité d'origine, est soumis aux mêmes exigences qu’à des étrangers. Ils doivent résider au moins 5 ans ininterrompus dans le pays.
Plusieurs membres de la communauté haïtienne vivant à l’extérieur ont dénoncé le fait par la constitution de 1987 en son article 15, de faire des compatriotes de la diaspora des étrangers et de les traiter comme tels.
« Comme des étrangers, nous n’avons pas le droit d’intervenir dans les affaires de notre pays, nous ne pouvons séjourner au pays plus de trois mois sans une autorisation spéciale. Tout cela pour avoir pris un autre passeport permettant d’aller à une bonne université, d’avoir une vie meilleure », a plaidé Jeannot, résidant aux USA depuis 2001.
« Il y a une génération qui vit depuis près d’un demi-siècle à l'étranger, ils veulent retourner au bercail et servir leur pays. Ce sont les premiers investisseurs que le pays doit attirer pour sa reconstruction post-séisme» a évoqué pour sa part Daniel, un autre haitiano-américain.
« Si cette diaspora a des devoirs, il lui faut aussi des droits reconnus, indiscutables, constitutionnels», fait-il remarquer plus loin.
Plusieurs compatriotes veulent retourner en Haïti, mais d’autres, au contraire, annulent toute possibilité de rentrer au pays vu la complexité des procédures d’immigration imposées par la constitution haïtienne et la conjoncture actuelle qui ne les attirent pas.
« Pourquoi la double nationalité? Comment peut-on vivre dans deux pays différents? Faut-il opter pour un pays ou pour un autre, sans avoir l'opportunité de cumuler les avantages liés à chacun de ces pays ? » se demande Magalie, mariée avec un Américain.
« Etre citoyen d'une nation, cela veut dire s'investir dans l'avenir de cette nation, la défendre en cas de menace. Ce n'est pas possible en cas de double nationalité. Il n'y a pas vraiment beaucoup d'avantages à avoir la double nationalité, sauf peut-être pour occuper certains postes dans la fonction publique » ajoute-t-elle.
Face à ces nombreuses interrogations pertinentes, le successeur de René Préval aura du pain sur la planche. Mirlande Manigat ou Michel Martelly et le nouveau parlement vont-ils trouver un consensus pour accorder la double nationalité à tous les Haïtiens qui le souhaitent?
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