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Une autre Haiti est elle vraiment possible?

Frankétienne l’intemporel, l’inclassable

 

Né  le 12 avril 1936, l’écrivain Frankétienne a atteint l’âge respectable de 75 ans le mardi 12 avril. Un monument de la littérature à l’épreuve du temps et qui évolue en dehors des schémas classiques.


Frank Etienne marque encore sa génération par sa puissance créatrice, par son inventivité lexicale et par son excentricité. Auteur de plus d’une quarantaine de titres, adulé par ses lecteurs, étudié dans certaines universités, Frankétienne surprend par sa démarche littéraire, inscrite dans « Le Spiralisme ». Son art du roman se veut une rupture par rapport au roman classique haïtien.

Romancier de rupture
Les premiers romans de Frankétienne pourraient être associés à une quête de rupture vis-à-vis des deux pères du roman moderne haïtien : Jacques Roumain et Jacques Stephen Alexis. Deux titres suscitent encore l’intérêt des critiques: Ultravocal, (1972) et Dezafi, (1975), qui s’apparenteraient à une révolution du genre en Haïti.

Nous n’avons affaire ni aux audiences de Justin Lhérisson ni aux romans réalistes de Frédéric Marcelin. Le style de ce  géant contemporain  est résolument novateur. Il brise la syntaxe classique et s’enrichit en créole comme en français de néologismes de formes et de sens.

Le lecteur se croirait en dans le sentier revisité  du « Nouveau roman » à la Robbe-Grillet ou à la Nathalie Sarraute. Les thèmes qui sous-tendent cette démarche romanesque participent de cette expérience d’écriture tourbillonnaire.

Le vaudou est l’élément   primordial de   la « révolte des zombis », séquencée par Frankétienne dans « Dézafi » ou beaucoup plus tard dans « Les Affres d’un défi » (1980), la version française de ce merveilleux roman considéré comme un classique de la littérature créole caribéenne.

Depuis Ultravocal, Frank a pu trancher pour se hisser parmi les auteurs majeurs du sous-continent américain. Le roman Ultravocal  met face à face Vatel et Mac Abre, deux protagonistes, confrontés à la boulimie du narrateur. Monologues croisés et voix gémellaires, telles sont les partitions de ce roman, écrit dans différents registres. En page de couverture, l’auteur mentionne spirale au lieu de « roman ».

Le spiralisme, comme tout manifeste, exige une explication au moins. Son théoricien a une formation scientifique et littéraire; Frankétienne, est capable de parler avec un minimum d’aisance des formules connues d’Einstein que des poèmes majestueux d’Alexis  Léger, dit Saint-John Perse.

La carrière littéraire de Frankétienne est faite de métamorphoses, et ceci depuis la parution de son roman «  Mûr à crever » (1968), axé sur la migration haïtienne vers les Bahamas. En 1972, ce voleur de feu lexical frappe un grand coup avec la parution de sa première spirale « Ultravocal », texte perçu comme un voyage polymorphe.

Le texte spirale, « Dezafi », de Frankétienne, reconnu en 1975 comme premier roman créole haïtien, montre merveilleusement la puissance de travail du grand tourmenté des lettres haïtiennes. Ce roman, traduit ou réécrit par son auteur, prouve la force littéraire du sorcier Frankétiene. On vit à travers les pages du livre « Les affres d’un défi », les voies souterraines de «  la papadocratie zombificatrice ». Le style est ici jouissif et le drame de la zombification devient presque requiem.



13/04/2011
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