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Une autre Haiti est elle vraiment possible?

Dr Francois Duvalier

François Duvalier, président d'Haiti du 22 Octobre 1957 au 21 Avril 1971, naquit le 14 Avril 1907 à Port-au-Prince, non loin du palais présidentiel de Nord Alexis. Un lieu de naissance et de résidence qui lui permit de vivre de très près les événements quelquefois sanglants marquant l'histoire d'Haiti durant les premières décades du XXè siècle.

 

Il fit ses études classiques au Lycée Pétion où il décrocha son diplôme de fins d'études secondaires en 1928, un diplôme qui lui ouvrit les portes de l'École de Médecine de Port-au-Prince.

 

 Durant ses études médicales et son internat, il fit des rencontres et vécut des événements qui marquèrent de façon indélébile sa vie et orientèrent ses choix socio-politiques.

 

L'une de ses rencontres fut celle de Lorimer Denis, un ethnologue spécialiste du vodou et un nationaliste endurci. Embrassant les vues de Denis sur le nationalisme et le noirisme, François Duvalier les développa dans des articles parus dans de nombreuses revues et brochures nationalistes de l'époque. Grâce aux démarches de Lorimer Denis, il fut admis au Bureau d'Ethnologie, institution fondée en 1942.

 

Ce dernier le présenta également à Daniel Fignolé qui l'encouragea à rejoindre la cellule de fondation du Mouvement des Ouvriers Paysans (MOP) en 1946.

Entre-temps, il épousa Simone Ovide, une infirmière. La cérémonie nuptiale eut lieu en l'Eglise Saint Pierre de Pétion-Ville le 27 Décembre 1939. De cette union naquirent trois filles (Marie-Denise, Nicole et Simone) et un garçon, Jean-Claude.

 

 

Lors de la campagne d'éradication du pian qui fut soutenu, financé et administré par les Etats-Unis, Duvalier fut choisi comme un des médecins administrateurs du programme. Durant cette campagne, son nom et son visage devinrent familiers dans les campagnes et certains coins reculés du pays.

 

Avec l'avènement de Dumarsais Estimé, son status politique changea; d'observateur et analyste, il devint homme politique. En effet, Estimé qui réunit dans son gouvernement des membres de diverses tendances, le nomma directeur de la Santé Publique avant de lui confier le porte-feuille de la Santé Publique et du Travail. A la chute d'Estimé, il refusa de cautionner le coup d'état et le gouvernement de Paul Eugène Magloire, et se lança dans l'opposition.

Ses menées politiques ne lui attirèrent pas de grands ennuis quoiqu'elles fussent connues du gouvernement. A la chute de Magloire, le 6 Décembre 1956, il se déclara candidat à la présidence. Aux élections organisées le 22 Septembre 1957, il fut déclaré vainqueur avec 679.884 voix, (voir : Elections présidentielles) et prêta serment le 22 Octobre devant le président du Sénat, Mr. Hugues Bourjolly. 

 

Cette élection n'atténua pour autant les ardeurs et les ambitions des politiciens de l`époque et de certains membres de l'armée. Le 22 Juillet 1958, il eut à essuyer la première de toute une série de tentatives de renversement et d'invasions (neuf au total). A chaque échec des opposants et des envahisseurs, Duvalier s'endurcit un peu plus, et son image d'homme prédestiné chargé d'une mission historique se trouva rehaussée aux yeux de ses partisans dont certains formèrent la redoutable police parallèle dénommée les tontons macoutes. Pour se maintenir au pouvoir, il exploita également la phobie du communisme, une exploitation débutée le 25 juin 1960 durant son fameux discours à Jacmel, où il conditionna sa loyauté au système capitaliste à une aide massive et urgente des Etats-Unis.

Après avoir organisé, en Avril 1961, des élections pour se faire ré-élire avant la fin de son mandat, il s'accapara définitivement du pouvoir en juin 1964 en se faisant proclamer "président à vie". A cette même époque il changea la couleur du drapeau haitien. Plus tard, voyant sa fin venir, il  nommera lui-même son successeur, dans la personne de son jeune garçon, alors de 19 ans, Jean Claude Duvalier. L'opposition à son régime, évoluant surtout à l'étranger et affichant une faiblesse pathologique, n'émit en cette occasion, que des gémissements inaudibles pour la grande majorité des Haïtiens.

 

Le 21 Avril 1971, après treize ans et cinq mois au pouvoir, il rendit l'âme. Sa mort n'a pas pourtant changé le climat politique du pays. Comme prévu, son fils, Jean-Claude Duvalier, lui succéda le lendemain. L'opposition composée surtout d'opportunistes résidant confortablement à l'étranger, continua à s'agiter avec les yeux rivés sur le gouvernement américain.

Ses funérailles eurent lieu le 24 suivant. Après le 7 Février 1986, une populace en furie saccagea son tombeau au cimétière principal de Port-au-Prince; apparemment, ses restes ne s'y trouvaient plus.

 

Occupé à déjouer des complots, à poursuivre et exécuter ses opposants, à inculquer la peur dans l'âme des Haitiens, et à étendre ses tentacules sur toutes les institutions du pays, Duvalier se montra peu soucieux du développement du pays. Sous son administration, le pays perdit certains de ses hommes les plus éminents, à la suite d'exécutions ou de l'exil; l'économie se détériora à un point tel que Haiti devint le pays le plus pauvre de l'hémisphère après avoir connu un certaine période de gloire durant les années 50; le taux d'analphabétisme resta inchangé (90%).

 

Pourtant, quoiqu'on puisse dire de lui et de son administration, l'idéologie qu'il prôna visait, dans son essence, à la promotion de toute une classe d'Haïtiens qui, jusque là, était négligée quand elle n'était pas l'objet du paternalisme des hommes au pouvoir et des classes dominantes. Malheureusement, cette idéologie imposée avec une farouche énergie, une ferme intransigeance et une extrême violence sur le peuple haitien laissa des marques si profondes dans son imaginaire, qu'il est, encore aujourd'hui sinon impossible du moins extrêmement difficile de s'en défaire complètement. 



21/11/2010
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