Lesly Gelin, son message
Jeunes de Port-de-Paix, Jeunes du Nord-ouest
Qu’est-ce qu’un homme politique peut vous dire aujourd’hui pour vous convaincre quand la gauche intellectuelle et politique au pouvoir depuis 1986 n’a rien fait pour améliorer votre condition de vie et vous redonner confiance en l’avenir?
Qu’est-ce que moi, Leslie Gélin, je dois vous dire pour vous convaincre quand je sais que ceux qui m’ont précédé vous ont trahis et ont même dilué votre rêve dans le scepticisme et le découragement?
Vous avez tellement le sentiment que vous avez été trahis que vous ne voulez plus écouter personne. Vous ne voulez plus écouter personne parce que malgré les promesses tant de fois renouvelées, malgré les discours tant de fois répétés depuis 1986, 250 000 enfants de cinq ans n’ont pas encore bénéficié du pain du l’instruction, plus de 100 000 ont abandonné le système scolaire sans que l’Etat ne les prenne en charge, plus de 50 000 adolescents sont, pour certains des orphelins du sida et, pour d’autres abandonnés sur les trottoirs pour se prostituer ou sur le lit des rivière pour se faire laveurs de véhicules.
Plusieurs centaines sont abandonnés dans la zone frontalière haïtiano-dominicaine et se sont livré au plus offrant.
C’est révoltant d’écouter des gens qui hier vous promettaient tout et qui aujourd’hui n’ont que des excuses à vous donner. C’est décevant de les écouter vous dire que c’était impossible de faire ce qui était nécessaire alors qu’ils vous avaient promis de rendre possible ce qui était nécessaire.
Vous êtes fatigués d’entendre les discours creux de ces politiciens qui vous dissent encore: je n’y peux rien, je n’y peux rien et qui cachent l’avenir dans des clichés tels: naje poun soti", "gade'm nan je, map gade'w nan je" ou bien " nou pa ka fè san soti nan woch" ou tout simplement " poze". La jeunesse mérite mieux citoyens !!! Il nous faut un réveil de la conscience citoyenne.
Jeunes de Port-de-Paix, Jeunes du Nord-ouest,
Je me présente devant vous comme l’homme de la rupture, pas pour opérer un miracle mais pour qu’ensemble, vous et moi, nous puissions semer les grains de l’espoir.
Je vois en vous briller de mille feux la flamme du renouveau. Vous êtes la force incontournable avec laquelle tout changement est possible. Vous êtes l’âme du changement.
C’est pourquoi, je vous invite à m’aider dans cette bataille pour la liberté réelle de ces plusieurs centaines de milliers de jeunes qui ont perdu l’espoir et qui hésitent encore à choisir entre combattre pour vivre et vivre à genou. Je me présente devant vous parce que vous, jeunesse, vous êtes invincible. Jamais votre optimisme ne sera rendu.
Le département du Nord-ouest se réveillera lorsque vous, jeunesse, vous choisirez de ne plus subir la conjoncture. Il est venu le moment où l’histoire associe désormais les efforts de tous ceux qui croient au changement, assemble les espoirs de toutes les catégories sociales pour rendre l’avenir accessible à tous.
« L’histoire nous enseigne que c’est de l'imagination fiévreuse de la jeunesse que sont sorties toutes les grandes révolutions des temps modernes. La Révolution Française a été accomplie par des jeunes gens.
Les fédérés marseillais qui montaient à Paris en 1792 n’avaient pas 20 ans pour la majorité d’entre eux. Les soldats de l’An II n'étaient pas plus vieux et ils étaient commandés par des généraux de 25 ans. Après avoir été les héros de Valmy, de Jemmapes et de Fleurus, ils eurent l'énergie d'être encore les acteurs d’Austerlitz, d’Iéna et d’Eylau…
Quand la Révolution fut terminée, quand Napoléon eut cessé « de faire ses plans de bataille avec les songes de ses soldats endormis », leurs enfants s’éveillèrent de leurs rêves de gloire et de conquête. « Alors s’assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse ». Elle se releva pour inventer le romantisme, la peinture moderne, la révolution industrielle. Quand le XXe siècle s’ouvrit ce furent encore des poètes et des peintres de 20 ans et des savants de 26 ans qui refirent le monde.
En 14-18 la jeunesse française fut héroïque. Sur 1,3 million de morts un tiers avaient moins de 30 ans. En 18 on mobilisa les jeunes Français à 18 ans.
Après l’armistice, une fois de plus assise sur un monde en ruines, cette jeunesse meurtrie, à peine sortie du massacre était convaincue que le monde était absurde et que l’homme était seul. Et pourtant elle aussi sut se relever. Elle fit jaillir de sa souffrance et de son doute le surréalisme, le cubisme. Elle échoua hélas à faire mettre la guerre hors-la-loi
En 40 les premiers résistants avaient à peine 16 ans. Les cinq martyrs du lycée Buffon avaient entre 15 et 18 ans quand ils furent assassinés par l’occupant. Guy Môquet 17 ans et demi quand il fut fusillé. Il écrivit à ses parents avant de mourir : « J’aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. 17 ans et demi… Ma vie a été courte ! Je n’ai aucun regret si ce n’est de vous quitter tous ».
On peut être grand quand on a 17 ans… Ses camarades gravèrent sur les murs de leur cellule « nous vaincrons quand même ». La jeunesse ne doit jamais s'avouer vaincue…
« Cette génération de la Résistance, rescapée des camps et des maquis, dont l’épreuve avait décuplé l’ardeur, voulut réussir là où ses pères et ses grands-pères avaient échoué. De l’âme blessée de cette jeunesse, de son innocence perdue d’avoir vu de si près la mort et la barbarie, de ses mains encore tremblantes d’avoir tenu les armes, jaillit la reconstruction, les Trente Glorieuses, la décolonisation, l’Europe, et la sécurité sociale. La jeunesse peut être invincible » *.
Boukman n’était pas un vieillard ni n’attendait pas sa vieillesse pour montrer de quoi il était capable. Certains intellectuels haïtiens comme Dantès Bellegarde, Jacques Roumain… Oswald Durand ont su profiter de leur jeunesse pour écrire de très belles pages dans l’histoire de ce pays, notre Haïti. Massillon Coicou avait seulement 20 quand il a commencé à prendre une part active dans la vie politique de son pays pour le changer. A 23 ans, il était déjà secrétaire à la légation de Paris puis chargé d’affaire en France.
A 25 ans, il étala son souffle poétique comme un militant nationaliste de premier ordre avec son recueil de poèmes titré « Poésies nationales ».Dantès Bellegarde avait seulement 27 ans quand il a exprimé son attachement à un courant de pensée ouvert sur la perspective de la modernité et un certain universalisme.
Après de brillantes études en Europe, Jacques Roumain est rentré en Haïti à 20 ans pour aider à la reconstruction nationale et au développement de son pays. Il a même fait la prison à 22 ans. Il a fondé à l’âge de 20 ans en 1927 le « petit impérial » qui va attaquer le gouvernement du président Louis Borno accusé de collaborer avec l’occupant.
Le quotidien le nouvelliste l’a présenté en ses termes dans son édition du 24 février 1928 : « Monsieur Roumain est un jeune dont la flamme patriotique brule d’un feu ardent(…) Nous lui souhaitons du succès en lui recommandant du calme et de la pondération. »Il fut, en avril 1928 le président de la Jeunesse patriote haïtienne. Les jeunes sont capables de grandes choses.
« Si la jeunesse n’a pas toujours raison, la société qui la méconnait et qui la frappe a toujours tort ».**
Jeunesse, Vous devez cesser d’être objets (dont les gens s’occupent) pour devenir sujets (qui agissent en tant qu’acteurs pour transformer la réalité et les conditions d’existence). « Rien n’est trop difficile pour la jeunesse », disait Socrate.
C’est au nom de ce que vous représentez que je fais appel à votre honneur pour sauver l’image de la commune de Port-de-Paix qui souffre d’une bonne représentativité au sein du parlement haïtien. Mais je ne me présente pas devant vous avec les mains vides. C’est au nom de ce que je représente pour vous que je vous demande dignement d’associer tous vos efforts aux miens. Je vous connais mieux que tous car ma vie a toujours été une délicace à votre cause.
Je n’ai pas besoin de vous parler de ce que j’ai réalisé chaque jour particulièrement au sein de l’Alliance Française. Vous le savez aussi bien que tout le monde.
Permettez que je vous informe de mes réalisations au sein de la direction départementale du ministère de l’Education nationale.
La septième section communale de Port-de-Paix a toujours été traitée en parent pauvre sur le plan éducatif car elle n’a jamais eu d’école nationale bien qu’elle soit la plus grande des six sections communales de Port-de-Paix. Aujourd’hui, le problème n’est pas totalement résolu. Cependant, si la zone de maillette( grand fond) et la zone de Beauchamp ont accueilli leur école nationale, c’est grâce à cette vision inclusive de la société qui j’ai souvent partagée à tous. L’école de Kaluk à Mahotière entre dans cette vision. Mon rêve, c’était de permettre à chaque grande localité de la 7ème section d’avoir au moins une école nationale. Vous connaissez la suite.
Dans la 6ème section, j’ai permis aux enfants et aux adolescents de Fond-Ramier, de Fond-coq ,de Audouin de ne plus traverser le fleuve des trois rivières tous les matins à 8 heures. J’ai ouvert dans la zone de Fond-Ramier 2 une école nationale.
Dans la ville de Port-de-Paix, j’ai ouvert l’école nationale Dauphin Eugène de nan Palan et j’ai entrepris des démarches, de concert avec L’évêque de Port-de-Paix, Mgr Pierre Antoine Paulo, pour permettre à la zone de dèletan d’avoir une école nationale.
C’est dans ce contexte que la zone de cite Maxo, Démélus et la rue du quai au bas de la ville allait avoir leur école nationale.
Mon passage au sein de cette direction a permis aux professeurs-correcteurs des examens du bac de ne plus se rendre aux Gonaïves pour la correction des épreuves du bac loin de leur famille. Un centre de correction des examens était rendu opérationnel à port-de-Paix même.
J’ai rendu possible l’ouverture du lycée Orius Paultre de La Pointe des palmistes car c’est moi qui ai écrit le microprojet d’ouverture de ce lycée et j’ai remis une copie au député Lucas et une autre au sénateur Mélius et j’ai vite fait d’envoyer une note au comite de gestion de ce lycée pour procéder à l’inscription des élèves pour les classes de 7è, 8è et 9è année fondamentales…
Des séances de formation des professeurs sont organisées de façon périodique. Même la direction départementale était en réseau et avait son système internet.
Aujourd’hui, je veux aller plus loin pour apporter le message de la commune afin d’arriver à proposer une loi sur un système d’éducation alternatif pour réparer les tords causés à ces jeunes et à ces enfants qui n’ont jamais eu la chance d’aller à l’école et qui doivent obligatoirement faire face aux difficultés de la vie.
Je dois aussi exiger à l’Etat qu’il prenne en compte les revendications des jeunes, des paysans, du secteur privé local des affaires et de tous les professionnels qui subissent encore le cours de l’histoire malgré leurs efforts et leur intelligence créative.
Je m’engage devant vous à représenter toutes les catégories sociales de ma commune. Ne restez plus les bras croisés. Vous en paierez demain la facture. De même que la société a des devoirs envers vous, vous avez aussi des devoirs envers la société.
Je vous demande de m’aider dans cette bataille si vous ne voulez plus subir la réalité.
Je sais que beaucoup d’entre vous ont perdu leur optimisme, ils ont perdu la confiance qu’ils avaient placée en eux-mêmes, ils ont perdu la force de lutter. Ils ont même perdu l’envie d’avoir envie.
Je m’offre pour vous les faire retrouver. Vous reprendrez confiance en vous quand vous verrez que vous avez été bien représentés. Mobilisez-vous.
C’est maintenant que la bataille pour l’avenir commence et c’est grâce à vous que la commune sera victorieuse.
Que Dieu bénisse la commune de Port-de-Paix, le département du Nord-ouest et la République d’Haïti.
Leslie Gélin
L’homme de la rupture
* De N. Sarkozy
** De François Mitterand
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