Après avoir réalisé à l’occasion de La Toussaint deux journées de formation à l’intention des jeunes de Cavaillon en vue de mettre en place un centre professionnel de référence dans la communauté, l’homme d’affaires Ernst Ais, organise, les 17, 18 et 27 novembre, une série de conférences dans le but de porter les jeunes à mieux se connecter à leur histoire.
Ce jeudi 17 novembre, les jeunes ont accueilli à l’église catholique de Cavaillon, le professeur Victor Benoît qui a prononcé avec brio une conférence purement pédagogique autour de la « Bataille de Vertière ».
Ils étaient quelque 350 élèves venant de divers établissements scolaires de Cavaillon, à avoir assisté à cette conférence-débat à laquelle ont pris également part des professeurs et des notables de la communauté.
Une tranche d’histoire d’Haïti partagée entre un connaisseur et une jeunesse encore en déficit d’éducation, mais visiblement à la recherche de la connaissance et du savoir.
D’entrée de jeu, le professeur d’histoire à l’université, Victor Benoît, a mis en relief le contexte général, mais aussi les facteurs politico-historiques ayant conduit à la « Bataille de Vertière » en 1803. Bataille au cours de laquelle l’armée Indigène a pu faire échec aux forces expéditionnaires françaises.
Dans une analyse captivante et succincte, l’homme politique a retracé en moins d’une heure, les principales causes qui allaint jouer en défaveur des troupes Napoléonienes et qui furent favorables à l’armée Indigène.
Selon lui, outre le soulèvement des esclaves de Saint-Domingue qui aspirèrent à la liberté après environ 300 ans d’esclavage, la rivalité entre la France et l’Angleterre fut un élément politique gênant pour les troupes françaises.
Il a rappelé le blocus maritime que les Anglais avaient imposé aux Français empêchant ainsi tout transport d’armes et de munitions aux troupes françaises dans la colonie.
Ajoutée à cela, a-t-il souligné, la dichotomie qui existait entre le général Rochambeau qui commanda les troupes françaises à l’époque et les soldats français, lesquels préférèrent être sous l’autorité de Napoléon.
Outre cette contradiction entre Rochambeau et ses subordonnés, a-t-il indiqué, il y eut également la Pologne et d’autres pays du continent européen qui constituèrent un dilemme pour les Français.
« Il faut dire que tous ces facteurs ont joué en faveur de l’armée Indigène. Si l’on parle de l’Indépendance d’Haïti aujourd’hui, c’est en grande partie, grâce à la Bataille de Vertière », a déclaré le militant politique sous les regards enchanteurs des jeunes en quête de savoir.
Par ailleurs, le congrès tenu à l’Archaïe en marge de la création du drapeau le 18 mai 1804, a été aussi passé en revue par le conférencier. D’après le professeur Victor Benoît, la position commune entre nouveaux et anciens libres, fut de mettre à la porte les forces expéditionnaires françaises qui représentèrent un danger pour les deux groupes.
Des conseils relatifs à des notions de civisme et de citoyenneté ont également été prodigués aux jeunes, lesquels n’ont pas hésité de poser des questions fusant de toutes parts.
« Ce qui nous reste aujourd’hui de Vertières, c’est une Indépendance virtuelle. Donc, une apparence d’Indépendance. On nous donne l’impression qu’on a des dirigeants. Mais les décideurs réels du pays sont ailleurs. Nous avons perdu nos acquis. Nous avons perdu la souveraineté nationale », a conclu l’ancien dirigeant du parti des Sociaux-démocrates haïtiens sous une pluie d’applaudissement de l’assistance.
Toujours autour de l’histoire, les jeunes cavaillonais recevront séparément ce vendredi 18 novembre, l’ancien député de l’Ile-à-Vache, Jean David Genesté et Ketlor Saint-Vil, ancien délégué des Cayes. Le dimanche 27 novembre, le constituant Georges Michel s’entretiendra avec les jeunes sur la même question.