Martelly, Charlemagne et Aristide
J'avoue que cela me manque, une homélie de Jean Bertrand Aristide du haut de la chaire de l'église Saint-Jean-Bosco... un concert de Manno Charlemagne ou un carnaval de Sweet Micky...
Par Jean Numa Goudou
J'avoue que cela me manque, une homélie de Jean Bertrand Aristide du haut de la chaire de l'église Saint-Jean-Bosco. Lors même que cela n'avait pas toujours rapport au Bon Dieu mais ses formules, ses tournures, son verbe, son oracle, bref son créole tombait d'aplomb avec l'aspiration populaire: sortir du joug de l'étranger. Mais bon...
J'ai aussi la nostalgie des concerts de Manno Charlemagne. J'aurais aimé crier, les poings levés, un «Oganizasion mondial» ou je ne sais quel autre refrain de liberté. Question de me rappeler, par moment, qu'on est le premier peuple noir du monde. Du moins hein....
J'aimerais bien avoir d'autres hommes qu'il faut à la place qu'il faut dans ce pays. Mais bon. En 1990, le prêtre de ma classe sociale a fait le saut en politique. Il est devenu président et on connait la suite.
Ensuite, en 1995, le chanteur de cette même classe est arrivé à la mairie de Port-au-Prince. Cette classe a perdu et tous les deux ont gagné. Tiens tiens, le carnaval c'est pour les 6,7, et 8 mars prochain. On peut se demander de quoi sera-t-il fait, cette année sans, un «Sweet Micky». Michel Martelly, le candidat à la présidence soulève des foules politiques ( du moins dans le Nord du pays) à la place des foultitudes mondaines contrairement à son habitude en période de carnaval.
Révélation politique
Alors qu'on le croyait hors de la course électorale à la suite de la publication des résultats des joutes du 28 novembre 2010, la force des choses l'a ramené en selle. Le comité électoral a dû rentrer ses résultats, (publiés le 7 décembre 2010) comme de la fausse monnaie à la suite d'un rapport de l'Organisation des États américains (OEA). Jude Célestin arrivé en deuxième position a été éjecté et Michel Martelly propulsé.
Il est tout compte fait la révélation politique de ces élections. Son parti aussi: Répons péyizan que personne ne connaissait ni d'Ève ni d'Adam quasiment. Véritable phénomène politique qui rappelle étrangement l'arrivée de Jean Bertrand Aristide en politique en 1990.
Toujours le même saut, trop en hauteur, dans l'arène. L'atterrissage pour Jean Bertrand Aristide, du moins, on le connait avec les conséquences que l'on sait pour le peuple haïtien. Idem pour Manno Charlemagne.
On explique le phénomène Martelly par un rejet de la classe politique traditionnelle. C'est juste. Mais à chaque fois j'ai comme l'impression qu'on jette le bébé avec l'eau du bain, tellement on fait dans l'émotionnel, dans le «voyé monté» dans les slogans. En communication c'est excellent, numéro1 même. Tout ceci harangue bien les foules et Dieu seul sait combien les foules sont criminelles, dénouées de réflexion, de stratégie etc...
Il est sûrement blindé de bonne volonté, le candidat Martelly tout comme son collègue Charlemagne ou le prêtre Aristide. Je le sens à travers quelques pièces engagées que j'ai dansées ou fredonnées d'ailleurs, à l'occasion, du temps où ils étaient encore musiciens ou prêtre.
Mais faudrait-il échanger nos politiciens contre des musiciens ou des prêtres. Ne faudrait-il pas favoriser l'émergence de nouvelles têtes au sein des partis politiques. Mais malheureusement la démocratie n'existe pas même au sein des partis.
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