"GPR, Gousse Pi Rèd" (Gousse, encore et toujours), c’est ainsi que Me Bernard Gousse a redéfini le sigle GPR à la fin d’une lettre publiée en réaction au rejet de sa candidature comme Premier ministre. Le juriste indique que son engagement va au-delà de la question de Premier ministre.
L’ancien ministre de la Justice sous le gouvernement de transition et deuxième Premier ministre désigné par le président Martelly, Me Bernard Honorat Gousse n’a pas tardé à réagir suite au rejet sans surprise mardi soir par le Sénat haïtien de son choix comme nouveau chef de gouvernement.
16 sénateurs sur les 30 constituant le grand Corps ont voté contre Me Gousse lors de la séance de sa ratification le 2 août. Tandis qu’à l’exception du président du Sénat qui n’avait pas droit de vote, les 13 autres sénateurs n’ont voté ni pour ni fait abstention, a constaté HPN.
Dans une correspondance rendue publique mardi après la séance, Me Gousse a indiqué avoir voulu se mettre au service de son pays. Malheureusement, a-t-il déploré, la décision du Sénat contre son choix l’en a empêché. Il a profité de l’occasion pour adresser ses propos de remerciement au chef de l’État, Michel Joseph Martelly, de vouloir l’associer à l’œuvre de son mandat populaire.
Il a remercié également tous ses supporteurs et félicité les Pères conscrits qui, écrit-il, lors du débat parlementaire ont fait preuve de grands défenseurs du droit et des valeurs morales. Il a remercié en passant les 16 sénateurs du groupe des 16 qui ont voté contre son choix « pour, a-t-il dit, la publicité faite autour de son nom avec un zèle quotidien dont n’aurait pu faire preuve la meilleure agence de publicité. »
Cependant, en conclusion de la lettre, l’ancien locataire du ministère de la Justice a tenu de souligner qu’il ne compte pas lâcher prise dans ce combat qui, affirme-t-il, ne s’arrête pas à la question du Premier ministre.
« Le combat dans lequel je suis engagé dépasse désormais ma personne ; je ne peux l’abandonner », a-t-il écrit, avant d’indiquer que le temps est venu pour que la dignité, le travail honnête et l’éducation soient les valeurs proposées en exemple et récompensées, pour que soient vaincues l’immoralité, la corruption, les richesses spontanées et l’arrogante ignorance.
« Au revoir. GPR, Gousse Pi red », a-t-il écrit en guise de conclusion.
Autres réactions
Réagissant sur le vote défavorable du Sénat à l’égard de Me Bernard Gousse, le professeur Camille Charlemers de la Plateforme de Plaidoyer pour le Développement Alternatif (PAPDA), a estimé que l’ensemble du processus a été affligeant et déplorable.
Selon le responsable de la PAPDA, et du côté de l’Exécutif et de celui du Législatif, les acteurs politiques ne se montrent pas à la hauteur de leur responsabilité. « C’est toute la société qui est malheureusement prise au piège de l’irresponsabilité des acteurs politiques de ce pays », a-t-il regretté.
Contacté par HPN, le professeur à l’université, Fritz Deshommes a, de son côté, souligné que le rejet de Me Gousse est très accablant et ne se base sur aucune motivation rationnelle. Selon M. Deshommes, le pays a perdu en ratant un « homme de caractère » de la trempe de Me Bernard Gousse comme chef de gouvernement. « Malheureusement des gens que le pays a besoin pour avancer deviennent gênant pour certains politiciens de notre système », a-t-il déploré.
Pour sa part, le constituant Georges Michel pense que la décision du Sénat est regrettable. D’après lui, la ratification de Me Gousse aurait comblé les déficits que le pays continue d’accumuler depuis des décennies. Par, ailleurs, M. Michel conseille au président Michel J. Martelly de se mettre rapidement sur la piste des consultations avec les présidents des deux Chambres, afin de désigner un troisième Premier ministre.