haitinews.blog4ever.com

Daniel Gérard Rouzier est philosophe face à l'échec. « J'apprends. C'est un cheminement », confie le Premier ministre désigné dont la candidature a été rejetée, son patriotisme mis en doute et le respect de ses engagements envers le fisc questionné par des députés du GPR, le groupe majoritaire à la chambre basse, mardi 21 juin 2011. « Je ne crois pas que ce vote soit technique », souligne cependant l'homme d'affaires, assurant avoir communiqué toutes les pièces exigées par la Constitution à la commission chargée d'analyser son dossier. « Il se pourrait, analyse-t-il, que je ne corresponde pas au profil de Premier ministre que les députés voudraient voir travailler aux cotés du président ».

Sans déception ni pincement apparents, M. Rouzier, le ton posé, indique que les députés, élus du peuple, prennent des décisions qu'ils croient être à l'avantage de leurs mandants. Le patron de la Sun auto, stoïque, entretient par ailleurs le flou sur sa présence ou non au sein du prochain gouvernement. « Je ne sais pas encore. Je dois en parler à ma femme qui est mon patron », indique-t-il, sourire dans la voix, à des journalistes invités au Palais national.

Déçu, Martelly se cherche un nouveau Premier ministre

« C'est un jour triste pour Haïti », confie le président Michel Martelly après avoir perdu cette première manche dans son bras de fer avec le GPR. « J'avais fait un choix que je continue de défendre aujourd'hui. M. Rouzier, je le redis, est un homme intègre, prêt à se sacrifier pour servir son pays qu'il porte dans son coeur », explique le chef de l'Etat avant de préciser ses intentions sur l'avenir politique de celui qui aurait pu devenir son bras droit à l'Exécutif . « M. Rouzier, révèle-t-il, est convaincu qu'il servira son pays avec ou sans poste ».

« On ne perdra pas de temps. On cherche des solutions. Et mon équipe et moi ne laisserons pas le palais aujourd'hui sans trouver des solutions », enchaîne Michel Joseph Martelly, polémique en gageant « qu'il ne perdra pas la bataille ». Il y a beaucoup de crises parallèles à l'absence de gouvernement, souligne-t-il, égrenant des problèmes criants à gérer comme l'épidémie de choléra, l'insécurité, la lutte contre la faim.

Le rejet de la candidature de Daniel Gérard Rouzier au poste de Premier ministre intervient 1 mois et 8 jours après l'installation de Michel Joseph Martelly,arrivé au pouvoir la besace pleine de promesses "de changer le système", sans avoir de majorité au Parlement.

M. Rouzier a fait des études en comptabilité et en gestion aux Etats-Unis d'Amérique en fréquentant les universités de Dartmouth et de Georgetown. Il a écrit "Croire, Aimer et Espérer" (2006), "Vision ou illusion" et "Le pouvoir des idées"(2002) et avait engagé, sans être confirmer au poste de Premier ministre », une série de consultations visant à une réingénierie de l'Etat. Sa volonté d'attacher des ministères comme la condition feminine, l'Environnement...celui des Haitiens vivant à l'étranger à d'autres ministères avait provoqué une levée de bouclier de militants féministes, d'écolos et d'activistes de la diaspora.

Une citation dans une dépêche de AP sur la CIRH qualifiée de « dysfonctionnel » par la suite démentie par M. Rouzier avait suscité un profond malaise avec des coopérants internationaux, attachés à cette commission.

Entre-temps, dans les salons et dans les milieux intéressés, les spéculations repartent de plus belle : qui est le prochain Premier ministre désigné ou la prochaine victime du GPR si les violons ne s'accordent pas entre la présidence et le Parlement ? Les paris sont ouverts....